Au Québec, le mouvement « Choisir avec soin » prend de l’ampleur. Appuyé par le Collège québécois des médecins de famille (CQMF), il vise à promouvoir la pertinence des soins, c’est-à-dire à s’assurer que chaque patient reçoive les examens, traitements et interventions qui lui sont réellement nécessaires, au bon moment. L’initiative est loin d’être uniquement une question de gestion des ressources : elle a un impact direct et positif sur l’environnement.
En 2024, de nombreuses organisations du milieu de la santé, notamment plusieurs ordres professionnels, ont franchi une étape importante avec la signature de la Déclaration de Montréal sur les soins de santé pertinents. Ce document appelle à une prise de conscience collective quant à l’urgence climatique et engage les professionnels de la santé à intégrer les considérations environnementales dans leur pratique. En effet, la pertinence des soins s’inscrit parfaitement dans cette démarche.
Moins de gaspillage, moins d’impact
L’impact environnemental du système de santé est considérable : production de déchets, consommation d’énergie, utilisation de ressources naturelles, émissions de gaz à effet de serre (GES) liés aux transports des patients et des produits de santé, etc. Chaque examen, chaque traitement inutile contribue à cette empreinte écologique.
En évitant les interventions superflues, la pertinence des soins permet de réduire ce gaspillage de ressources. Voici quelques exemples concrets :
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- Réduction des examens d’imagerie superflus : Les radiographies, les tomodensitométries (scans) et les IRM consomment une quantité importante d’énergie et génèrent des déchets (films, produits de contraste, etc.). Un usage judicieux de l’imagerie médicale, dicté par des indications cliniques précises, diminue la consommation de ces ressources. Une étude a estimé qu’une réduction de 25% des IRM inutiles au Canada permettrait d’éviter l’émission de près de 28 000 tonnes de GES par an, soit l’équivalent de retirer 6 000 voitures de la circulation .
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- Diminution de la surprescription de médicaments : La production et l’élimination des médicaments ont un impact environnemental significatif, notamment sur la pollution de l’eau. En prescrivant uniquement lorsque c’est nécessaire, en privilégiant des thérapies non médicamenteuses lorsque possible et en optimisant la durée des traitements, on réduit la consommation globale de médicaments. Par exemple, éviter la prescription systématique d’antibiotiques pour les infections virales permet de limiter la pollution des eaux et la résistance aux antibiotiques.
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- Moins de déplacements inutiles : En regroupant les rendez-vous médicaux et en favorisant les consultations virtuelles quand cela est approprié, on diminue les déplacements des patients, réduisant ainsi les émissions de GES associées aux transports. Par exemple, une étude suédoise a démontré que les téléconsultations ont le potentiel de réduire les émissions de GES liées aux déplacements des patients de 40 à 70%.
La pertinence des soins est un levier puissant pour améliorer la qualité des soins tout en réduisant l’impact environnemental du système de santé.
Références :
Recommandation de Choisir avec soin en radiologie
Recommandation de Choisir avec soin en pharmacologie